Il y a des itinérances qui marquent une vie. Le Tour du Mont Blanc en fait partie. Ce colosse frontalier, que l’on contemple souvent de loin, devient un compagnon de course quand on s’y frotte sur plusieurs jours. Encadrer un tour du Mont Blanc en trail, c’est bien plus que courir autour d’un massif mythique : c’est partager une expérience humaine et sportive puissante. Cet été, j’ai eu la chance de guider un groupe sur cette boucle d’environ 170 km et 10 000 m de dénivelé positif, en seulement quatre jours. Récit.

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Tour du Mont Blanc en trail : 4 jours d'aventure entre ciel et sommets

Il y a des itinérances qui marquent une vie. Le Tour du Mont Blanc en fait partie. Ce colosse frontalier, que l’on contemple souvent de loin, devient un compagnon de course quand on s’y frotte sur plusieurs jours. Encadrer un tour du Mont Blanc en trail, c’est bien plus que courir autour d’un massif mythique : c’est partager une expérience humaine et sportive puissante. Cet été, j’ai eu la chance de guider un groupe sur cette boucle d’environ 170 km et 10 000 m de dénivelé positif, en seulement quatre jours. Récit.

Jour 1 – Chamonix – Les Chapieux : les bases sont posées

Départ de Chamonix au petit matin. L’excitation est palpable. Il y a ce mélange d’enthousiasme, d’appréhension, et ce respect silencieux pour la montagne que chacun ressent, même sans l’exprimer.

Nous attaquons par la montée au col de Voza, puis plongeons vers les Contamines. Le sentier s’élève ensuite vers le col du Bonhomme, frontière naturelle entre la Savoie et le Beaufortain. La lumière est dorée, rasante. Je veille aux visages, à la foulée de chacun. L’idée n’est pas de faire une perf, mais de durer. L’arrivée aux Chapieux se fait dans un vent frais, les muscles tirent un peu. On a déjà couru plus de 40 km. Le groupe est soudé, silencieux. L’aventure commence.

Jour 2 – Les Chapieux – Courmayeur : la montagne dans sa démesure

Ce deuxième jour est un feu d’artifice. Le col de la Seigne nous ouvre les portes de l’Italie dans une ambiance minérale grandiose. Le Mont Blanc se dévoile sous un autre angle, immense, sculptural.

Nous passons par le refuge Elisabetta, puis longeons les combes sauvages du Val Veny. Je sens les organismes déjà marqués. Je ralentis légèrement le rythme, incite chacun à bien s’alimenter, à lever la tête. Car oui, courir ici, c’est aussi regarder, s’imprégner.

L’arrivée sur Courmayeur est majestueuse, avec ces falaises verticales en toile de fond. Un bon plat de pasta en terrasse, et les sourires reviennent. Demain, c’est le gros morceau.

Jour 3 – Courmayeur – Champex : endurance mentale et beauté brute

On quitte Courmayeur à l’aube, frontales encore allumées. Montée raide vers Bertone, puis enchaînement des balcons jusqu’à Bonatti. C’est l’un de mes tronçons préférés. L’altitude, la lumière, la trace qui serpente… On est loin, ailleurs.

La montée au Grand col Ferret, frontière suisse, se fait dans la concentration. Vent de face, météo changeante. J’encourage, je rassure. Tout le monde passe. On bascule en Suisse dans la grisaille. Longue descente vers La Fouly, puis remontée vers Champex.

Ce soir-là, au bord du lac, tout le monde sent que le plus dur est fait. On a le regard un peu plus profond, le corps plus lent, mais le cœur rempli.

Jour 4 – Champex – Chamonix : le retour des héros

Dernier jour. Le terrain devient familier. On attaque le Bovine, ses racines, ses forêts. Je sens l’émotion monter. L’étape est plus roulante, mais les jambes sont lourdes. On descend sur Trient, puis on remonte au col de Balme. Là-haut, la vue sur la vallée de Chamonix est comme une récompense.

La descente sur Argentière, puis Chamonix, se fait dans un mélange de fatigue intense et de joie pure. Les foulées se délient, le groupe s’étire, chacun rentre un peu dans sa bulle. On a bouclé le tour. Ensemble.

Ce que je retiens

Encadrer ce Tour du Mont Blanc, c’est être à la fois guide, coach, confident, parfois même infirmier. C’est aussi apprendre à sentir l’énergie du groupe, à gérer les temps faibles, à créer du lien. Ce n’est pas une performance, c’est une traversée.

Chacun est reparti avec plus que des kilomètres dans les jambes : des images plein la tête, des rencontres gravées, et ce sentiment rare d’avoir vécu quelque chose d’authentique.

Le trail, pour moi, c’est ça : une école de liberté, de gestion de soi, de fraternité. Et la montagne, toujours, comme théâtre vivant de nos petites épopées humaines.

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